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Bien des aspects de la personnalité de Jaurès demeurent peu connus. Ainsi, malgré de nombreuses publications, des biographies diverses, les travaux de la Société d’études jaurésiennes depuis près de cinquante ans, notamment ceux menés ou impulsés par son inlassable animatrice, Madeleine Rebérioux, la question particulière des sentiments, analyses, relations de Jaurès avec l’antisémitisme de son temps a été rarement étudiée en tant que telle et elle est restée plus souvent propice aux petites phrases ou aux approximations lénifiantes ou cyniques qu’à des discussions sérieuses[1].
Que peut bien d’abord connaître, croire ou penser des juifs, de leur religion comme de leurs destinées individuelles et collectives, le jeune enfant du collège de Castres, élevé dans une famille catholique et bourgeoise, mais déclassée, aux temps du Second Empire et de l’Ordre moral ? Et l’adolescent qui découvre Paris, la vie de l’internat, l’excitant compagnonnage avec les jeunes intelligences de l’École normale supérieure, qui perd la foi religieuse de son enfance et devient un républicain passionné ? Nous ne le savons pas trop. Tout juste Jaurès écrit-il en 1892, alors qu’il a déjà trente-deux ans, qu’il est maire-adjoint de Toulouse, ancien député et maître de conférences à la Faculté : « Je n’ai aucun préjugé contre les juifs : j’ai peut-être même des préjugés en leur faveur, car je compte parmi eux, depuis longtemps, des amis excellents qui jettent sans doute pour moi un reflet favorable sur l’ensemble d’Israël. Je n’aime pas les querelles de race, et je me tiens à l’idéal de la révolution française, c’est qu’au fond, il n’y a qu’une seule race : l’humanité »[2] . En un sens, l’essentiel est dit, d’ores et déjà. Mais cet essentiel sera précisé, décanté, affiné, après une vraie maturation et quelques traverses.
Le fait est que rue d’Ulm, Jaurès avait été le compétiteur attitré de l’élégant Bergson, qu’il était devenu, pour la vie, l’ami de son « cothurne » Charles Salomon, celui aussi, avec moins de familiarité, d’Émile Durkheim. À la faculté de Toulouse, il avait sympathisé avec Frédéric Rauh, Il s’était lié en outre avec son aîné, Lucien Lévy-Bruhl, qui devait être son premier biographe. On peut supposer que c’est à eux qu’il fait allusion en 1892, mais au fond, nous ne faisons que le conjecturer. Et s’il s’agit bien d’eux, notons que ces enfants d’« Israël », pour reprendre la terminologie jaurésienne, appartiennent à des familles en tout cas discrètes dans l’affirmation de leur judéité, républicaines et laïques avant tout[3]. La discrétion que conserva Jaurès sur sa vie privée, et que protège toujours aujourd’hui la rareté des archives personnelles le concernant, empêche de pouvoir citer d’autres noms avec assurance. Certes, de nouveaux amis ou relations viendront par la suite, comme, bien entendu, Léon Blum. Harvey Goldberg note aussi avec justesse que, pour Jaurès, il faudrait prendre en compte les amitiés intellectuelles : Spinoza par exemple, cité dans la suite de l’article… En tout état de cause donc, Jaurès fréquente des amis sans distinction d’origine, de race ou de religion. Cela peut sembler aller de soi, mais au même moment l’administrateur de La Revue socialiste se refuse à traiter en affaires avec des juifs et il est bien connu que, de Proudhon à Malon, et d’autres, il n’est pas difficile de trouver trace de sentiments dépréciatifs à l’égard des juifs chez bien des théoriciens socialistes[4]. Or, du côté de Jaurès, il est possible au contraire de relever un prompt dédain à l’égard des menées antisémites : dès 1890, comme le relève Jórdi Blanc, il les dénonce comme de « faux socialistes », socialistes « de château et de sacristie », et les qualifiait en termes particulièrement sévères : « charlatans de la réaction et du boulangisme », « singes malfaisants »[5]. De même, Drumont, l’auteur à succès en 1886 de La France juive, est constamment moqué par Jaurès, qui l’appelle par antiphrase « psychologue de génie » ou « profond sociologue »[6] et le prend manifestement et régulièrement pour un vrai imbécile.
Et pourtant… Cela n’empêche pas Jaurès d’user à l’occasion du terme « juif » en sens péjoratif. Il a beau dire que les juifs ne sont pas seuls à spéculer, à accumuler, à monopoliser, il emploie le terme comme équivalent de commerçant, évidemment dans son sens négatif de mercanti, voire d’usurier, non de négociant, sans jamais évoquer la possible existence de juifs pauvres. L’exemple le plus dérangeant, à ma connaissance, et pour notre regard contemporain, figure sans doute dans un article favorable au protectionnisme, qui, s’appuyant sur Allain-Targé[7], critique ainsi le libre échange : « il sacrifie les producteurs aux échangeurs, aux transporteurs, aux manieurs d’argent, à la banque cosmopolite. Il livre aux frelons juifs le miel des abeilles françaises »[8]. Citation remarquable, mais que faut-il en faire ? Élargissons le regard. Lorsque Maurice Barrès fin 1894 lance le journal La Cocarde pour réaliser l’unité des oppositions de gauche au régime[9], des anciens boulangistes aux socialistes, Jaurès, qui entretient avec l’écrivain « prince de la jeunesse » des relations cordiales, ne répond pas à sa demande de collaboration. Il écrit d’ailleurs déjà à Toulouse dans La Dépêche et à Paris dans La Petite République. Cependant, il n’hésite pas à lui recommander pour sa rédaction son secrétaire, Eugène Cross, qui souhaite entrer en journalisme. D’ailleurs, Clovis Hugues, le Félibre poète et député socialiste, Fournière, le disciple de Malon, participent à la rédaction comme Pelletan, Pelloutier, Maurras et Daudet… Faut-il parler de « complaisance » ou encore de « collusion » entre socialistes et antisémites ? Je n’ai pas à traiter de l’ensemble de la question, qui mérite certainement un examen approfondi et nuancé. Il est certain et bien établi depuis déjà longtemps que des passerelles existent entre socialistes et antisémites et qu’elles ne se limitent pas au seul cas de La Cocarde et du socialisme national et boulangiste de Barrès. Ainsi, au Quartier latin, en février 1897, le socialiste Anatole de Monzie préside un comité d’action qui regroupe la Ligue démocratique des écoles, les étudiants collectivistes, parmi lesquels nombre de leaders à venir du socialisme démocratique (Jean Longuet, Jules Uhry…) et les étudiants antisémites unis pour dénoncer les massacres des Crétois et des Arméniens par les Turcs. Il ne semble pas que cette démarche ait trop surpris. Marcel Proust décrit ainsi dans Jean Santeuil, rédigé entre 1895 et 1899, un Couzon inspiré de Jaurès, qui dénonce ces massacres avec éloquence et se fait applaudir par les journaux socialistes, anarchistes, antisémites. En faveur de la Verrerie Ouvrière, après le lock-out de Rességuier en 1895, des actions communes de solidarité entre socialistes et antisémites, de La Petite République à La Libre Parole, pourraient être citées. Mais elles n’ont jamais lieu avec Jaurès, qui s’abstient de participer personnellement à de telles rencontres. Malgré tout, en France, il ne marche pas avec les antisémites. Certes, son emploi du terme « juif » surprend aujourd’hui, mais, par exemple, il use aussi de « grec » dans son sens courant et populaire de « tricheur », qu’on retrouve dans la fameuse partie de cartes de Pagnol, alors que l’admiration de Jaurès pour la civilisation, la langue et l’histoire helléniques n’est pas contestable. En fait, il sacrifie lui aussi à la doxa du moment, magistralement étudiée jadis par Marc Angenot[10], au discours social sur les juifs manieurs d’argent, sans que cela doive être surinterprétée politiquement.
De même mérite d’être évoqué le procès parfois fait à Jaurès d’avoir regretté que la peine de mort ne soit pas appliquée à Dreyfus, qui appartient aux classiques du genre polémique entre dreyfusards et dreyfusiens. Les meilleurs historiens peuvent faire preuve d’approximation à ce sujet. Rappelons donc que le 24 décembre 1894 à la Chambre, il est question du régime des peines applicables dans le code de justice militaire. Certes, Jaurès pense alors Dreyfus coupable. Certes, il pense, comme ses collègues socialistes, que la trahison aurait pu être punie de mort par le conseil de guerre. Et, comme beaucoup, il pense que si elle ne l’a pas été, cela doit être en raison « d’un prodigieux déploiement de la puissance juive pour sauver l’un des siens »[11]. Mais il n’est pas intervenu à la Chambre pour réclamer la mort, il est intervenu pour utiliser l’argument en faveur d’une diminution des cas pouvant entraîner cette condamnation, pour que les actes de violence contre les supérieurs ne soient pas punissables de la peine capitale. On peut regretter, plus que l’absence de lucidité de Jaurès, l’ambiguïté de son raisonnement, mais non inverser le sens de sa proposition. Il n’est pas anodin qu’elle soit allée vers plus d’humanité et non pas vers plus de répression.
Jaurès dresse un portrait sombre de l’Algérie. Pour lui, le pays « souffre », et on pourrait dire doublement : les colons sont endettés et ne trouvent pas de débouchés à leurs productions agricoles, les indigènes sont spoliés, dépossédés de leurs propriétés et abaissés à la misère, matérielle et morale. En première ligne de ce processus, Jaurès voit à l’œuvre les milieux juifs, qui ont acquis la nationalité française avec le décret Crémieux et qui se sont trouvés en mesure de jouer alors un rôle important dans l’exploitation coloniale du pays. « Par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, [les juifs] accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique »[12]. Au maniement traditionnel de l’argent et de la procédure, les juifs ajoutent désormais l’appui du pouvoir politique. La masse des électeurs juifs en Algérie est entièrement acquise aux républicains modérés, ceux qu’on appelait « opportunistes » dans les années 1880 et qui adoptent souvent l’étiquette de « progressistes » dans les années 1890. Le vieil ami de Gambetta, Gaston Thomson, allié aux Crémieux, est leur homme. Contre lui et ses amis, socialisme et antisémitisme en Algérie ne se distinguent guère dans ces premières années 1890. Les antisémites affirment même agir au nom des masses indigènes et européennes contre leur ennemi commun, le juif.
Incontestablement, Jaurès est alors assez séduit par ce mouvement algérien, alors qu’en métropole il n’avait aucune sympathie pour les antisémites liés au boulangisme et à l’Église catholique. Il le pressent sans doute davantage susceptible d’évoluer vers un socialisme complet, et en tout cas permettant d’assurer la protestation nécessaire contre le dépouillement abusif dont est victime le peuple arabe. Il explique ainsi que « sous la forme un peu étroite de l’antisémitisme se propage en Algérie un véritable esprit révolutionnaire »[13]. L’union entre colons européens et arabes paupérisés, qu’il voit se former et qu’il appelle de ses vœux, doit poser « la question sociale » dans toute son ampleur et permettre ainsi la formation d’une « civilisation algérienne » capable d’assurer « la pénétration réciproque et l’harmonie des races »[14]. Ces deux articles représentent à la fois l’acmé des équivoques jaurésiennes face à l’antisémitisme et un moment important dans sa réflexion sur les réalités coloniales et leur complexité. Il n’est évidemment pas difficile de repérer dans sa rhétorique les traces d’une vision péjorative des juifs propre à la tradition catholique : « ils ont choisi dans le monde le rôle de créanciers », leurs voleries sont « sournoises » et en 1898 encore, c’est bien avec « une habileté diabolique » que les juifs sont censés avoir manié « notre » Code civil afin de « désagréger l’ancienne propriété arabe » et « l’absorber »[15]. Mais Jaurès précise alors que les juifs ne sont pas les seuls coupables, qu’il faut invoquer aussi les responsabilités des gouvernants et des colons, même antijuifs. La capacité de Jaurès à observer une situation concrète et de solides principes universalistes le préservent finalement d’une analyse trop politicienne ou idéologique de la situation. Son appel à une « France africaine », qui ferait l’union des prolétaires d’origine européenne et du peuple arabe exploité, est certainement optimiste. Il n’en montre pas moins un Jaurès non seulement convaincu de l’universalité de la souffrance humaine et de la nécessité impérieuse de rester « humains », même dans le combat révolutionnaire, mais aussi en chemin vers la compréhension du « pluralisme culturel ».
L’Affaire permet en effet le plein basculement de Jaurès, du moins la fin des ambiguïtés d’expression, des facilités de construction. Le moment peut être daté avec précision. Jaurès, nous le savons tous, n’a rien d’un dreyfusard précoce, et ce que je viens d’évoquer permet sans doute de le comprendre plus aisément. À Tivoli, le 7 juin 1898, dans le célèbre discours qui marque son entrée entière et passionnée dans le combat, il adresse en quelque sorte des paroles d’adieu à son « vieux style » : « Et nous, nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre, par la fièvre du gain quand ce n’est pas la fièvre du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d’extorsion »[16]. Il précise aussitôt, ce qu’il ne faisait pas toujours, ou pas avec la même force auparavant : « Mais nous disons, nous : ce n’est pas la race qu’il faut briser, c’est le mécanisme dont elle se sert, et dont se servent les exploiteurs chrétiens » et il ajoute surtout : « car enfin dans la juiverie comme dans la chrétiennerie, il ya les grands et les petits ». Le prolétariat juif fait ainsi son apparition, les haines de races sont dénoncées au profit de la lutte des classes qui permettra l’utilisation « de toutes les énergies, de toutes les facultés » dans la communauté universelle et fraternelle.
Sur ces bases mieux assurées, Jaurès ne tarde pas à lancer son fameux appel aux ouvriers et militants pour qu’ils s’engagent dans la bataille dreyfusienne : Dreyfus n’est plus un bourgeois, ni un officier. « Il est seulement un exemplaire de l’humaine souffrance en ce qu’elle a de plus poignant. Il est le témoin vivant du mensonge militaire, de la lâcheté politique, des crimes de l’autorité. »[17] Car ce que Jaurès comprend avec l’Affaire, c’est « le sens concret de l’humanité vivante » comme l’écrira plus tard Amédée Dunois, c’est que « nous pouvons, sans contredire nos principes et sans manquer à la lutte des classes, écouter le cri de notre pitié ; nous pouvons dans le combat révolutionnaire garder des entrailles humaines ; nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l’humanité »[18].
Après 1898, et quelques ultimes équivoques d’expression, le discours jaurésien se clarifie et devient limpide. Il est débarrassé de toute concession à la doxa dépréciative que nous avons évoquée. La dénonciation du capitalisme est non seulement clairement séparée des faux-semblants antisémites, mais elle s’oppose même frontalement à cette solution illusoire, dangereuse et criminelle, constamment et vigoureusement combattue. L’antisémitisme devient bien le socialisme des imbéciles. Les juifs sortent de leur représentation habituelle pour devenir une vraie réalité sociale, avec sa diversité et ses nuances. L’ancienne manière de Jaurès avait sans doute laissé quelques traces. Ainsi, un militant comme Marc Jarblum (1887-1972), venu en France en 1907 après l’échec du mouvement révolutionnaire en Pologne, dont il était originaire, fondateur de Poale Sion en 1913, s’en fait l’écho dans ses souvenirs de ses entretiens avec Jaurès[19]. Il aurait fait la leçon à Jaurès, lui reprochant d’avoir parlé de « conception sociale des Juifs basée sur le trafic »[20] et quelques autres expressions incertaines. Sans doute, cinquante ans après, subit-il les effets de ce que son interlocuteur appelait « l’illusion rétrospective ». Mais il est possible qu’il retrace les grandes lignes de ses discussions d’alors, et qu’en tout cas, il ne se trompe pas sur les sentiments foncièrement admiratifs qu’il éprouvait pour le combat de Jaurès, nuancés de quelques regrets sur certaines formulations des années 1890. Sans doute, l’évolution de Jaurès est-elle aussi à mettre au compte de son entourage. Jaurès ne travaillait pas seul, et il « savait écouter » comme lui dit un jour un collègue pourtant opposé à la Chambre. En l’occurrence, Jaurès a pu écouter divers militants ou amis, Lucien Herr, Lévy-Bruhl, peut-être Charles Péguy, Jean Allemane assurément. Ce dernier avait d’ailleurs aidé les ouvriers juifs de Paris à faire connaître… d’abord leur existence !, leurs sentiments et leurs analyses ensuite[21]. Comme Madeleine Rebérioux, je crois qu’il faut accorder en outre une attention particulière à Gustave Rouanet. Député socialiste actif de Paris (XVIIIe arrondissement) et directeur de La Revue socialiste entre 1898 et 1904, celui-ci est aussi un collaborateur direct de Jaurès, dans le cadre de l’Histoire socialiste de la France contemporaine, préparée au moment même où se déployait la bataille dreyfusarde. Par ses articles et ses discours parlementaires (décembre 1898 et mai 1899), il apporte à son ami toutes les références nécessaires à une vision plurielle, exempte de préjugés raciaux et pleinement universelle, de l’avenir de la civilisation.
Jaurès est alors au premier rang de la bataille contre « la barbarie », « la sauvagerie » de l’antisémitisme, en France comme dans ses colonies. En Algérie, il n’oublie pas les droits de la population arabe, mais il se bat d’abord pour la protection des Juifs victimes des pogromes antisémites, le respect élémentaire des droits de l’homme. L’Affaire lui a fait pleinement prendre conscience des ravages engendrés par le racisme qui divise et fait régresser l’humanité. Cette histoire est mieux connue, je n’y insiste donc pas. Références et citations, paroles et faits seraient innombrables. L’Affaire vaut à Jaurès prestige et reconnaissance générale, au sein du mouvement démocratique et républicain français, à l’étranger, dans l’opinion libérale, mais aussi au sein de l’Internationale socialiste, auprès des milieux juifs, ouvriers ou bourgeois. On sait ainsi que L’Humanité en 1904 fut fondée avec le concours particulier de la bourgeoisie juive dreyfusarde, y compris, notons le au passage, certains maîtres de ce libre échange jadis vertement dénoncé par Jaurès, comme le banquier Louis-Dreyfus[22]. Jaurès est devenu Jaurès grâce à Dreyfus, l’homme aussi bien que l’« affaire » pourrait-on dire[23].
[1] L’article essentiel demeure celui d’Harvey Goldberg, « Jaurès and the jewish question », Jewish Social Studies, vol. XX, n° 2, New York 1958, traduction française dans Jean Jaurès, bulletin de la SEJ, n° 53, avril-juin 1974, avec malheureusement des citations de Jaurès retraduites de l’anglais. Jórdi Blanc a apporté quelques précisions et contestations dans « Jaurès et sa première analyse du problème juif », Juifs et source juive en Occitanie, Valderiès, Vent Terral, 1988.
[2] Jean Jaurès, « La Question juive », La Dépêche, 2 juin 1892.
[3] Les deux sont conciliables bien sûr. Le meilleur ami de Jaurès, Charles Salomon, dreyfusard « modéré », qui est « pour Jaurès », mais pas du tout « pour Zola », et se veut avant tout « raisonnable », donne en même temps un cours hebdomadaire au séminaire israélite selon Paul Desjardins (Annuaire de l’Association amicale des anciens élèves de l’ENS, 1927).
[4] Outre l’essai synthétique de Michel Winock, La France et les juifs de 1789 à nos jours, Seuil, 2004, voir Shlomo Sand, « Sorel, les juifs et l’antisémitisme », Cahiers Georges Sorel, n° 2, 1984.
[5] Jean Jaurès, « Faux socialistes », La Dépêche, 5 février 1890.
[6] Par exemple, « En Algérie », La Petite République, 29 janvier 1898.
[7] Vétéran des luttes républicaines, estimé du jeune Jaurès, Allain-Targé (1832-1902) fut ministre des Finances de Gambetta et ministre de l’Intérieur de Brisson.
[8] Jean Jaurès, « Programme économique », La Dépêche, 1er septembre 1889.
[9]Cf. Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Paris, Armand Colin et Presses de la FNSP, 1972.
[10] Cf. Marc Angenot, Ce que l’on dit des juifs en 1889, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1989, présentation de Madeleine Rebérioux.
[11] Jean Jaurès, « L’Ébranlement », La Dépêche, 26 décembre 1894.
[12] Jean Jaurès, « La Question juive en Algérie », La Dépêche, 1er mai 1895. Cf. aussi Charles-André Julien et Charles-Robert Ageron, « Jaurès et l’Algérie », Jean Jaurès, bulletin de la Société d’études jaurésiennes, n° 2, juillet-octobre 1961.
[13] Jean Jaurès, « Choses algériennes », La Dépêche, 8 mai 1895.
[15] Jean Jaurès, « En Algérie », op. cit.
[16] Discours du Tivoli Vaux-Hall, 7 juin 1898, in L’Affaire Dreyfus, tome 6 des Œuvres de Jean Jaurès, éd. Eric Cahm, Paris, Fayard, 2001.
[17] Jean Jaurès, Les Preuves, Paris, 1898, rééd. La Découverte, 1998 (éd. Vincent Duclert) ou in L’Affaire Dreyfus, tome 6 des Œuvres de Jean Jaurès, Fayard, 2001 (éd. Eric Cahm).
[19] Marc Jarblum, « Démocratie, question nationale et sionisme en Europe centrale : qu’en pensait Jaurès ? », Le Mouvement social, n° 52, juillet-septembre 1965.
[20] Dans « L’embarras de Drumont », La Petite République, 13 décembre 1898. Article publié dans le tome 7, L’Affaire Dreyfus, des Œuvres de Jean Jaurès (éd. Eric Cahm), Paris, Fayard, 2001, p. 499-501.
[21] La lettre collective imprimée au début de 1898 est publiée en annexe de L’Affaire Dreyfus, tome 6 des Œuvres de Jean Jaurès, (éd. Eric Cahm), Paris, Fayard, 2001.
[22] Madeleine Rebérioux, « Le Jean Jaurès de 1904 », L’Humanité, 31 janvier et 1er février 2004, repris dans les Cahiers Jaurès, n° 171, janvier-mars 2004.
[23] Vincent Duclert, Alfred Dreyfus, l’honneur d’un patriote, Paris, Fayard, 2006.